En 1925, Skoda rachète la marque Laurin-Klement qui produit depuis 1905 des voitures dont l’originalité et le savoir-faire technique ont permis à la marque de traverser le XXème siècle et de faire maintenant partie du groupe VAG.
L’actuelle Skoda descend d’une part, de la puissante firme d’armements fondée au XIX° siècle à Pilsen par le chevalier von Skoda, et d’autre part, d’une très ancienne usine d’autos et motos, la Laurin-Klement de Mlada Boleslav (Jungbunzlau en allemand, la Bohême faisant alors partie de l’empire austro-hongrois).

Cette dernière fut créée en 1894, lorsque le libraire Vaclav Klement s’associa au mécanicien cycliste Vaclav Laurin, d’abord pour réparer les vélos, ensuite pour en construire sous le nom de Slavia.

Dès 1898, le modeste atelier des débuts devint une petite usine moderne. Cette même année, Vaclav Klement effectua un voyage en France où il put examiner les tricycles à moteur De Dion Bouton, ainsi que les motos Werner. Il en acheta une, la ramena en Bohême et ses associés, très intéressés, décidèrent de construire à leur tour des deux roues à moteur dont les premiers exemplaires apparurent en 1899. Le succès vint rapidement, pour atteindre une production de 2000 machines en 1904.

Ils étudièrent ensuite des automobiles, dont le premier exemplaire sortit d’usine en 1905. Il s’agissait d’une voiture légère à moteur deux cylindres de 7 CV. Devant le succès, des agrandissements s’avérèrent nécessaires et l’affaire devint une société anonyme.

Bientôt l’usine présenta une gamme importante de voitures, ainsi que de camions, autobus et voitures postales. En 1911, on construisit 800 voitures, auquel il faut ajouter 300 motos, plus des véhicules industriels, des charrues mécaniques, des rouleaux compresseurs, des moteurs stationnaires.

La période 1908-14 vit Laurin-Klement participer avec succès à nombre d’épreuves sportives en vue de promouvoir sa fabrication. On en vit à la course d’endurance Moscou – Saint-Pétersbourg en 1908, aux Prinz Heinrich Fahrt et aux Alpenfahrt de 1910 à 1914, aux courses de côte de Semmering en Autriche et à celles du Gaillon et de La Turbie en France.

La gamme de voitures est étendue, mais l’accent reste mis sur la voiture d’usage comme le célèbre type S quatre cylindres de 1800 cc présenté en 1911 et qui fera une remarquable carrière comme taxi dans de nombreuses villes de l’Empire austro-hongrois ainsi qu’à l’étranger, surtout en Russie (la Russie absorbait alors 30 % de la production de Laurin-Klement).

En 1912, Laurin-Klement absorba l’usine RAF de Liberec (Reichenberg en allemand), spécialiste de grosses voitures qui seront intégrées à la gamme de Mlada Boleslav. Certaines étaient équipées de moteurs sans soupapes type Knight.

Survint alors la guerre 1914-18, pendant laquelle l’usine tourna à fond pour l’armée impériale.

A l’Armistice de 1918, Laurin-Klement devint une marque tchécoslovaque. Dès 1919 la production reprit avec deux modèles modernisés de la gamme d’avant guerre, le type S de 9/25 CV à quatre cylindres 2412cc et le type ML de 18/50 CV à quatre cylindres 4712 cc.

A partir de 1922 la gamme redevint importante avec les types 100, 200, 300-305, 400, 450, 445.
Réputée pour ses qualités, tant techniques que de fabrication, la firme devait cependant s’adapter au progrès comme les autres usines européennes. Il fallait s’agrandir, se moderniser, s’adapter à la construction en série. Pour ce faire, Laurin-Klement fusionna en 1925 avec les usines Skoda de Pilsen, lesquelles possédaient d’énormes moyens techniques et financiers.

Skoda s’était d’ailleurs peu avant intéressé à l’automobile en construisant sous licence quelques exemplaires de l’Hispano-Suiza (dont elle fabriquait aussi les moteurs d’avions) ainsi qu’un certain nombre de camions à vapeur anglais Sentinel.

Les voitures s’intitulèrent d’abord Skoda-Laurin-Klement, mais dès 1927 on ne garda que Skoda.

La gamme fut simplifiée et ramenée à deux modèles, les 4R et 6R. A cette époque, la production tournait autour de 4500 voitures par an. En 1929 apparut une nouvelle gamme de voitures de technique conventionnelle, à quatre, six et huit cylindres, les 422, 430, 645 et 860, dont les cylindrées s’échelonnaient de 1165 à 3880 cc.

La crise économique de début des années trente fit baisser la production chez Skoda comme ailleurs et le bureau d’études chercha à développer de nouveaux modèles économiques.


Skoda lança en 1933 une petite voiture de technique moderne, la 420 Standard à moteur quatre cylindres de 995 cc, soupapes latérales, développant 20 CV. Le châssis était tout nouveau, constitué d’un caisson central formé de deux profilés en U entretoisés. L’essieu avant restait rigide, mais on trouvait une suspension arrière à roues indépendantes.

L’année suivante, la Standard se transformait en Popular à moteur de 903 ou 995 cc. Le châssis devint un tube central muni de quatre roues indépendantes, la boîte passa à l’arrière et se fixa au pont.


A partir de là, une gamme moderne se développe avec notamment la Rapid de 1165 cc avec boîte en bloc avec le moteur. Cette Rapid passa en 1386 cc dès 1935 et reçut des freins hydrauliques. Ces petites voitures solides et confortables ont du succès tant à l’intérieur du pays qu’à l’exportation, de plus elle réussissent des exploits sportifs, notamment aux rallyes de Monte-Carlo, ainsi que dans des raids d’endurance en terrain difficile, aux Indes, en Amérique, en Afrique.

En 1936 la gamme s’étend en utilisant les mêmes techniques de base. En plus des Popular et Rapid, on trouve les Favorit de 1802 cc et les Superb à six cylindres 2703 cc. Tous les modèles reçurent en 1937 des soupapes en tête. En 1938 la production atteignait 6300 voitures.

Skoda avait réussi à présenter des voitures d’usage, économiques, très fiables, de prix modéré mais perfectionnées au point de vue technique.




Lors de l’éclatement de la guerre mondiale en 1939, Skoda se retrouvera dans le Protectorat de Bohême Moravie et devient ainsi une marque allemande qui travaillera pour la Wehrmacht jusqu’en 1945. L’usine sera endommagée pendant la guerre mais put reprendre très vite une production civile. La société sera nationalisée peu après.

Skoda lança en 1946 la 1101, nouvelle version de la Popular, à moteur 1089 cc à culbuteurs, châssis tube central, quatre roues indépendantes. Plusieurs carrosseries étaient prévues, berline deux et quatre portes, cabriolet décapotable, camionnette, break, ambulance. Cette robuste petite voiture fut construite de 1946 à 1951 à plus de 67.000 exemplaires. Un grand nombre fut vendu en Belgique et elles circulèrent très longtemps grâce à leur excellente fiabilité.

En 1952 Skoda présenta sa nouvelle 1200, une berline quatre portes à carrosserie ponton, vaste mais assez lourde pour sa cylindrée. A la même époque, l’usine Skoda fut chargée de construire plusieurs milliers de Tatraplan.

En 1955, la marque reprit une version améliorée du moteur 1089 cc pour équiper une toute nouvelle gamme de voitures plus légères gardant le châssis tube central et les quatre roues indépendantes. Ces voitures reçut différentes dénominations, Spartak pour le prototype, 440 pour le modèle 1955, 445 pour une version à moteur 1200, 450 pour le cabriolet deux carburateurs de 1958.


Ces voitures seront remaniées en 1959, notamment la suspension avant se fera dorénavant par des ressorts hélicoïdaux au lieu de ressorts transversaux. La berline deux portes reçut le nom d’Octavia et les versions Coupé/Cabriolet, celui de Felicia. De 1955 à 1964, toutes ces versions totalisèrent près de 400.000 exemplaires.


A la fin des années cinquante l’on décida d’augmenter fortement la production automobile et une nouvelle usine ultramoderne fut mise en chantier à Mlada Boleslav. Elle entra en fonction en 1964 en produisant la nouvelle 1000 MB, une quatre portes à carrosserie autoportante, à moteur arrière quatre cylindres de 998 cc, bloc en alliage léger. Déjà avant guerre, Skoda s’était initiée à la technique du moteur arrière, plusieurs prototypes avaient été construits durant les années trente mais aucun ne fut commercialisé.







La 1000 MB fut périodiquement améliorée par les modèles 100 et 110 en 1969, puis 105 et 120 en 1976.

Avec ses voitures à moteur arrière, Skoda renoua avec le sport. Elle réussit des résultats souvent excellents dans le Rallye de Monte-Carlo, dans des rallyes anglais, dans des épreuves allemandes, autrichiennes, belges. Ces Skoda de rallye développaient 105 CV pour le moteur 1100, plus de 130 CV pour la version 1300, capables de dépasser 200 km/h.


Cependant la technique du moteur arrière se démodait et Skoda présenta en 1988 une toute nouvelle voiture, la Favorit. Nous trouvons ici une traction avant à moteur 1298 cc, placé transversalement, une boîte cinq vitesses et une suspension à quatre roues indépendantes.
La carrosserie, très jolie, a été dessinée par Bertone.

Les évènements de 1989 conduisirent à la privatisation de l’entreprise, dans laquelle le groupe Volkswagen prit une participation en avril 1991. La construction de la Favorit fut continuée après divers remaniements mécaniques.

En octobre 1994, elle fut remplacée par la Felicia étudiée chez Volkswagen et utilisant nombre d’éléments mécaniques du groupe VAG. La première version reçut un moteur quatre cylindres de 1289 cc, puis apparut une version Diesel en 1996 avec le moteur I,9 TDi, la Felicia fut restylée en 1998 et remplacée en septembre 1999 par la Fabia, dont le dessin est l’œuvre de notre compatriote Luc Donckerwolke.

En septembre 1996, Skoda présentait l’Octavia sur plateforme d’Audi A3, moteur 1800 cc. Peu après l’on vit une version 2 litres essence et une Diesel, puis une quatre roues motrices durant l’automne 1999. L’Octavia subit à la fin de l’année 2000 un face-lift et vit apparaître la version RS de 180 CV. Depuis mars 2004, une nouvelle mouture de la gamme Octavia est apparue.

Enfin, sommet de la gamme Skoda actuelle, apparut en septembre 2001 la Superb. Elle est construite sur une plateforme de VW Passat version chinoise à empattement long, peut recevoir, entre autres, un moteur V6 de 2,8 litres et est traitée de manière relativement luxueuse.
Texte et archives de Jacques et Yvette Kupélian