Il y a quelques jours, la General Motors, un des plus grands groupes automobiles au monde, fêtait le 100ème anniversaire de sa marque la plus populaire et également la plus prolifique: Chevrolet.
Cette date historique nous semble le moment idéal pour retracer les grandes lignes de l’histoire de cette marque.
Louis Chevrolet après son accident aux essais de la Coupe Vanderbilt 1905 sur ce qui reste de sa FIAT 110hp.
CHEVROLET Story
Nous trouvons deux hommes au début de l’histoire de cette marque, d’une part un mécanicien et pilote, originaire de Suisse et immigré aux USA en 1900 , Louis Chevrolet (1878-1941), devenu un pilote de course connu, d’autre part, un financier et affairiste, William Crapo Durant (1861-1947), qui, à partir de la reprise de la marque Buick en 1904, avait aggloméré divers constructeurs et formé la General Motors en 1908.
Louis Chevrolet au volant de la toute première Chevrolet en 1911.
Peu après, Durant en perd le contrôle.
En 1907, il avait rencontré Louis Chevrolet qu’il voulait embaucher comme pilote de course sur Buick.
Après la perte du contrôle de GM, Durant incite Chevrolet à créer sa propre voiture qui sera la Classic Six, mise en vente en fin 1911.
Il s’agit d’une voiture de qualité, assez chère, de bonne mécanique qui se vend de façon honorable.
La Chevrolet Classic Six commercialisée en 1912-13
Durant rêve d’une voiture de grande série, de petit prix, capable de lui permettre de faire fortune et de récupérer le contrôle de GM.
Cela crée des disputes au sein de la Chevrolet Motors et Louis Chevrolet, au caractère assez trempé, quitte la société et Durant se retrouve seul à la tête de Chevrolet Motors.
William Crapo Durant, le fondateur de la General Motors, devant la 1e Chevrolet 490 en 1915
Durant avait des intérêts dans d’autres petites usines de voitures qui faisaient notamment des voitures économiques mais de qualité très moyenne.
Il fait retravailler certains de ces modèles et est à l’origine de petites Chevrolet de qualité correcte et de bas prix qui, produites en nombre appréciable, lui permettent de gagner de l’argent et de reprendre le contrôle de la GM à laquelle la Chevrolet Motors est intégré en 1916.
Quant à Louis Chevrolet, obligé de laisser son nom à la Société Chevrolet, il fabrique des voitures sportives (les Frontenac) qui n’eurent pas beaucoup de succès.
Louis Chevrolet finira pauvre en 1941.
En 1913 et 1914, Durant met en fabrication à l’usine Chevrolet la série H, des quatre cylindres de 2,7 litres à culbuteurs à bien meilleur prix que la Classic Six, bientôt arrêtée.
Chevrolet serie H, type Baby Grand c.1913-14
Une Chevrolet H-2, appelée Royal Mail Roadster, moteur 4 cylindres, 24 HP, 1914
Durant, obsédé par le succès de la Ford T, lance en 1916 la « 490 », version simplifiée de la H, 490 désignant le prix en dollars (par ailleurs, également celui de la Ford T!).
La 490 connait un succès immédiat, 18.000 exemplaires vendus la première année.
Coupé Chevrolet 490, c.1919
En même temps, on commercialise la Chevrolet F, plus chère et sortie en beaucoup moins d’exemplaires.
Le haut de gamme Chevrolet en 1921, la FB-40
En 1917, pour diversifier la gamme, la marque présente une V-8, le type D, qui n’aura guère de succès.
1917, Chevrolet type D. Une V-8 de 4,6 litres, un essai de Chevrolet de luxe qui ne dure qu’un an.
Au début des années 20, Durant reperd le contrôle de la GM, mais Chevrolet reste la marque populaire du groupe.
En 1923, on décide de se concentrer sur un seul modèle bon marché, la « Superior serie B« .
La même année, l’usine étudie une voiture à refroidissement par air, la Copper Cooled serie C, pas au point, des 759 exemplaires fabriqués, seuls cent seront vendus, les autres envoyés à la ferraille par l’usine elle même.
Une Chevrolet Copper Cooled serie C à refroidissement par air, fiasco de 1923
La production de voitures populaires monte d’année en année.
En 1924, la Superior F est fabriquée en 280.000 exemplaires.
L’année suivante on modernise le moteur dans la Superior K.
Chevrolet Superior serie B, 1923
Châssis de Chevrolet Superior B, on remarque les suspensions cantilevers avant et arrière
Une Chevrolet Superior engagée à Francorchamps en 1924
Chevrolet Superior K en 1926, la suspension est devenue classique
En 1927, nouveau modèle, la Capitol AA, pour la première fois la production Chevrolet dépasse celle de Ford.
En 1928, la National AB reçoit enfin des freins sur les quatre roues.
À la fin de 1927, Henry Ford lance le Model A.
Devant son succès, Chevrolet doit réagir et sortir quelque chose de nouveau.
Ce sera l’International Six AC munie d’un tout nouveau moteur six cylindres de 3,1 litres développant 46 CV et toujours à culbuteurs.
Chevrolet Capitol AA 1927
Le succès est au rendez vous, en 1931 on sort une version améliorée, l’Independance AE, le moteur développe 50 CV et ses vibrations sont très réduites.
Chevrolet International Six AC de 1929, la six qui aura un succès mondial
Chevrolet Independance AE exposée à Copenhague en 1931
En 1932, on a la Confederate BA en version Standard et De Luxe. Le moteur a maintenant 60 CV.
Cependant Ford sort la V-8, nouveau succès.
Chevrolet doit absolument réagir, ce sera avec l’Eagle CA (ou Master) de ligne à tendance aérodynamique et moteur un peu plus puissant.
En 1934, on introduit les roues avant indépendantes et un moteur de 80 CV.
1934 verra sortir 1.275.000 Chevrolet.
Pour 1935, les carrosseries reçoivent le « turret top », le toit métallique est fabriqué en une pièce.
Chevrolet Confederate BA de 1932
Chevrolet Eagle CA 1933 exposée à Amsterdam
Chevrolet Master de luxe 1934
Chevrolet Master EA 1935
1936 sacre Chevrolet la plus populaire voiture américaine. Certains modèles reçoivent des freins hydrauliques.
En 1938, la production retombe à 490.477 exemplaires.
Pour 1939, la mécanique reste inchangée, mais on modifie la carrosserie.
1940 fête la sortie de 25 millionième Chevrolet depuis le début de la marque.
En 1941, toute la gamme reçoit les roues avant indépendantes.
La déclaration de guerre conduit à arrêter toute production civile en février 1942, les usines se convertissent à la fabrication de matériel militaire.
Chevrolet Type FC 1936,à gauche la deux portes, à droite l’Imperial Cabriolet
Chevrolet Touring Coach 1937
Sedan Chevrolet 1938
Le châssis Chevrolet de 1939
Chevrolet Master JA 1939
Conduite intérieure Chevrolet 1940
Chevrolet Special De Luxe Station Wagon 1941
Chevrolet Fleetline Aerosedan 1942
La fabrication civile redémarre avec les modèles 1946, très semblables à ceux de 1942 et en deux séries, Stylemaster et Fleetmaster.
Chevrolet Stylemaster DJ 1946
Chevrolet Fleetmaster cabriolet 1947
Chevrolet 1948 Vue avant
Le premier nouveau modèle d’après-guerre apparait pour 1949.
La carrosserie est plus basse et à ailes intégrées.
Les mécaniques changent peu, mais on peut obtenir une transmission automatique Powerglide (avec moteur plus puissant).
La Chevrolet 1949, première nouvelle Chevrolet d’après-guerre
Chevrolet Bel Air Coupe Hard Top 1952
Chevrolet Bel Air 4door Sedan 1954
Un tout nouveau modèle est présenté pour 1955, avec un moteur V-8 de 4.250cc et 162ch.
Un six plus léger est toujours au programme.
La production de l’année 1955 atteint 1.830.028 véhicules.
Ensuite les modèles sont remaniés d’année en année.
Chevrolet De luxe sedan 1955
Chevrolet Bel Air Hard Top Coupe 1957
Chevrolet Bel Air 4 door Sport Sedan 1958
Chevrolet Impala 1959
Chevrolet Impala 1960
Parallèlement aux « grandes » Chevrolet, la marque se lance dans d’autres créneaux.
En 1953, apparait la Corvette, une sport deux places dérivée d’une « dream car ».
La carrosserie est en plastique sur un châssis raccourci, le moteur six cylindres 3,7 litres est poussé à 150 CV.
On en fera 315 exemplaires la première année.
La Corvette reçoit un V-8 de 195 ch en 1955
En 1956, la Corvette est produite en 3.388 unités.
La Corvette évolue d’année en année, le nouveau modèle Sting Ray apparait en 1963.
La production monte régulièrement, ainsi en 1969 on en fera 38.800.
Les premières Chevrolet Corvette 1953-54
Chevrolet Corvette Super Sport Concept car (ou plutôt Dream-car) de 1957
Chevrolet Corvette version 1958
Chevrolet Corvette 1967
Après le « sport », les « compacts ».
En 1960, Chevrolet présente un modèle révolutionnaire pour les USA, la Corvair, réponse américaine à la Volkswagen.
Elle possède un moteur arrière six cylindres à plat, refroidi par air.
Elle a des lignes très pures, un style magnifique.
On en fera 250.000 la première année.
La Corvair a d’abord beaucoup de succès, mais décline peu à peu.
Elle est victime de campagnes de dénigrement et on l’arrête en 1969.
Berline Chevrolet Corvair 1960
Cabriolet Chevrolet Corvair Monza Spyder 1962
Coupé Chevrolet Corvair Monza Sport 1967
En 1962, l’usine présente une autre compacte, la Chevy II, antithèse de la Corvair.
Elle a des lignes très classiques et dispose d’un moteur quatre cylindres ou d’un six.
On en vend 326.607 exemplaires la première année.
En 1964, on ajoute un V-8 à l’offre.
À partir de 1971, on la rebaptise Nova.
Chevrolet Chevy II 1962
En 1964, Chevrolet présente une nouvelle série intermédiaire, la Chevelle, à moteur six et V-8.
Chevrolet Chevelle « 300 » De Luxe 1965
En 1967, on lance la Camaro pour répondre à la Ford Mustang, moteurs six et V-8.
La Camaro a du succès, 235.100 exemplaires en 1968 et devient au fil des années et à l’égale de la Mustang une des dernières « américaine » de caractère.
Après une éclipse de quelques années, toujours comme la Ford Mustang ou encore la Dodge Challenger, la Chevrolet Camaro est revenue dans les showrooms nord américains et revient même en Europe où sa forte personnalité a gardé un grand nombre de fans.
Version 1973 de la Chevrolet Camaro LT
Au début des années 1970, Chevrolet va pousser la diversification au maximum.
Outre les grandes berlines classiques qui ont fait sa réputation, Chevrolet propose :
En 1971, une nouvelle compacte, la Vega à moteur quatre cylindres.
Chevrolet Vega 1974
En 1974, un coupé Monza quatre cylindres et V-8.
En 1976, la Chevette, sorte d’Opel Kadett à quatre cylindres 1,4 et 1,6 litres.
Chevrolet Chevette 1976
En 1979, la Citation, première Chevrolet à traction avant et moteurs quatre et V-6.
La Cavalier en 1981, une compacte traction avant quatre cylindres de deux litres.
Puis en 1985 la nouvelle Nova basée sur une Toyota traction avant de 1,6 litres pour ne citer que les principaux modèles.
Cette diversité confuse, sans vraie politique commerciale à long terme, fait perdre petit à petit une grande partie de l’identité de Chevrolet, alors que la qualité du produit n’évolue pas au diapason des marques européennes, japonaises ou coréennes.
Et surtout, le consommateur américain ne se reconnait plus dans ces Chevrolet à l’origine de plus en plus diverses, hétéroclite.
Mais les ventes continuaient vaille que vaille à se maintenir.
Sous la pression du marché américain de plus en plus convoité, et pour maintenir les ventes, les remises faites aux acheteurs réduisent les marges bénéficiaires et soudain à la fin de 2008, ce qui paraissait aussi impensable aux américains que la chute des « Twin Towers » s’est produite : la faillite de General Motors.
Le gouvernement des États-Unis a du investir des sommes colossales (près de 20.000.000.000$ ainsi que 30.000.000.000$ de garanties d’état) dans son sauvetage financier.
Comble de tout pour un constructeur américain, grâce à cet « investissement » l’état américain était devenu l’actionnaire principal (61%…) de GM, nationalisée, l’antithèse de « l’Ultra-Llibéralisme » prôné depuis toujours par les USA…
Néanmoins, si on compare les États-Unis à l’Europe et au Japon, qui ont également profondément souffert de la crise de 2008, la grande force des USA est sa capacité de réaction beaucoup plus rapide.
Suite aux gigantesques licenciements, mais aussi à la vente ou l’arrêt de certaines marques du groupe, GM a très rapidement refait du bénéfice (une première depuis 1994…) et a pu rembourser une partie de la montagne d’or qui lui avait été prêtée.
Plus étonnant encore, alors que 2 ans plus tôt, personne n’aurait « donné un kopek » pour une action GM, en novembre 2010, les actions GM ont été réintroduites en bourse et sont devenues par la même occasion la plus importante introduction en bourse de New York…
Avec cette manne et l’arrivée de nouvelles voitures dont la Chevrolet Volt à propulsion électrique, du moins partielle, tout semble redevenir possible pour la General Motors et donc pour Chevrolet à l’entame de son deuxième siècle.
Chevrolet a, dès le début, construit de nombreux véhicules utilitaires comme ce petit camion Model G de 1921
Camion Chevrolet à moteur six cylindres, 1930-31
Grosses camionnettes publicitaires Chevrolet en 1936
Autocar à carrosserie Jonckheere sur châssis Chevrolet 1937
Châssis de camion à cabine avancée en 1939
Camionnette Chevrolet Suburban 1946
Camion Chevrolet du tout début des années cinquante
Camion Chevrolet 1960
Chevrolet Suburban 360 1973
Tout terrain Chevrolet Blazer et le « petit » Chevrolet Blazer T de 1983