Qui se souvient de l’Actyon second du nom ? Bâtard né des amours incestueux d’une berline hatchback avec un pick-up, il n’a laissé comme souvenir qu’un véhicule au design biscornu et au comportement routier très erratique.
Après un investissement de 60 millions d’euros et deux ans de développement, voici l’Actyon Sports de troisième génération. Peut-il prétendre aux qualités que la publicité vante quelquefois en termes dithyrambiques ?
Une carrosserie au design nettement plus heureux
Il est vrai que le dessin n’a plus rien à voir avec la précédente génération.
Comme le Korando, il possède une calandre chromée hexagonale et un pare-chocs de forme trapézoïdale qui lui donnent un aspect à la fois robuste et moderne.
De profil, les plis de la carrosserie lui confèrent une allure dynamique voire sportive.
A l’arrière, pas de doute, on a bien à faire à un pickup : la benne est massive et particulièrement haute. Contrairement à la plupart des pickups, l’ouverture de la benne est commandée électriquement de concert avec les quatre portes.
Sa lourde ridelle s’abaisse en découvrant un espace dont la surface de 2,04 m² a été calculée pour accueillir une euro-palette avec une charge utile de plus de 380 kg. Le couvercle de la benne s’entrebâille grâce à une poignée noyée dans son ciel de toit.
Par temps de pluie, nous avons constaté que l’écoulement de l’eau s’engouffre dans les renforts de la ridelle… ce qui occasionnera probablement de la rouille.
D’ailleurs, nous en avions déjà trouvé au niveau des charnières alors que le véhicule n’a qu’un peu plus de 5.000 km.
A l’intérieur, la finition s’avère être un peu moins « brut de coffrage » qui caractérise généralement celle des utilitaires légers comme les pickups. Cependant, n’oublions pas qu’il s’agit ici d’un véhicule à tendance utilitaire : évoquer le chic du plastic moussé dans un univers à la « Caterpillar » n’est pas encore à l’ordre du jour.
L’ensemble est correctement assemblé et sans ostentation. L’ergonomie du tableau de bord est correcte et on retrouve bien vite ses repères. La sellerie de notre exemplaire, de finition Sapphire, était même revêtue de cuir. Comme sur toutes les SsangYong, le volant ne peut se régler qu’en hauteur mais pas en profondeur.
La position du siège du conducteur se règle électriquement (Sapphire). Ici, pas de rétroviseur électrochrome et encore moins de rabattage électrique des rétroviseurs extérieurs d’origine mais eulement en option, ce qui est dommage car vu l’encombrement de l’engin, cette petite attention peut quelquefois s’avérer plus qu’intéressante.
Toujours au niveau de la rétrovision, il faudra surtout la réaliser par les rétroviseurs extérieurs car en raison de la hauteur de la benne, la lucarne arrière ne rendra visible que le toit de certaines voitures qui le suivent.
En outre, cette vision fragmentaire sera encadrée par la réflexion des panneaux en forme d’aileron qui prolongent esthétiquement la cabine : nous avions déjà rencontré un problème similaire lors de l’essai du Renault Wind.
A l’arrière, les sièges peuvent accueillir deux passagers, à la rigueur trois, mais pour de courts déplacements car le tunnel de transmission est singulièrement encombrant.
Contrairement aux « banquettes de chemin de fer » que l’on trouve à l’arrière des pickups « double cabin », l’inclinaison du dossier conserve un angle proche de celui que l’on rencontre dans les berlines traditionnelles (29°), ce qui est tout bénéfice pour le confort. Il possède même un accoudoir central amovible.
Ce dossier se rabat horizontalement proposant ainsi une surface de chargement complémentaire non négligeable.
Derrière la banquette, on découvre un petit espace de rangement protégé par un couvercle.
Un comportement routier… de pickups, mais amélioré
Habituellement, les trains arrière des pickups sont encore équipés d’un pont rigide guidé par des ressorts à lames.
Encore une fois SsangYong se distingue par une suspension arrière sophistiquée à cinq bras. Cette concession à la modernité se voit récompensée par un comportement routier moins « archaïque » sans toutefois modifier fondamentalement les sensations à bord.
La souplesse des suspensions et les débattements particulièrement grands restent des caractéristiques propres aux pickups tout comme sa carrosserie qui repose toujours sur un châssis séparé composé d’une structure rigide. On décèle également dans le volant et sur certaines routes bétonnées, quelques trépidations du train avant.
Cependant, il faut avouer que le dynamisme de l’ensemble est plus typé SUV…
Évidemment, quand la benne est chargée, le train arrière se dandine moins, ce qui est tout bénéfice pour la tenue de route.
Mais quand l’Actyon Sports se retrouve dans son élément, et que ses fonctions 4×4 sont enclenchées, il devient un redoutable franchiseur. En 4WD, il existe un mode de réduction (Low Gear Mode) mais sans blocage du différentiel arrière (lock).
Mesurant pratiquement 5 m de longueur avec un empattement de plus de 3 m, il est évident que les manœuvres en ville seront délicates, mais heureusement, sur notre version Sapphire, nous avions droit à un radar de stationnement !
Comme tout le reste de la gamme SsangYong, l’Actyon Sports est propulsé par l’excellent moteur VM diesel Euro V de 2 litres. Celui-ci développe 155 ch et 360 Nm de couple qui est délivré dès 1500 rpm jusqu’à 2800 rpm.
Silencieux quand il est chaud, il se marie parfaitement avec ce pickup. Sur les grands axes ou sur autoroute, il devient inaudible, seuls les bruits de vent, bien présents, se font entendre (il tourne à 2500 rpm à 120 km/h).
La consommation mesurée sur notre essai a été de 9,3 litres, une valeur qui reste dans la norme eu égard à la masse du véhicule (2 tonnes)
Notre exemplaire était équipé d’une boîte de vitesses manuelle à six rapports.
Agréable à utiliser, le passage des rapports est ferme et précis. Néanmoins, attention à la marche arrière : elle est très proche de la première vitesse !
Quant à la direction, elle nous a semblé beaucoup plus précise que dans le Rexton W.
Peut-être est-ce dû aux pneus ? (Bridgestone).
Spécifications techniques
Données techniques à télécharger (fichier Acrobat®)
Qu’en dire ?
Avec un prix de base inférieur à 20.000 EUR en version 2WD en finition Crystal, l’Actyon Sports est déjà équipé de l’ABS avec EBD, de feux de jour, d’une climatisation, de feux antibrouillard avant et de 4 haut-parleurs.
Notre exemplaire en version 4WD et de niveau de finition supérieur (Sapphire), équipé de sièges électriques réglables et chauffants en cuir, d’une climatisation automatique, de l’ESP et des capteurs de stationnement arrière frisait les 30.000 EUR.
Sachant que l’Actyon Sports reste un utilitaire léger « pur et dur » et qu’il en garde les avantages fiscaux comme l’absence de TMC et une faible taxe de circulation, il devient une alternative particulièrement économique aux SUV du genre Rexton W souvent plus chers.
En outre, par sa transmission 4WD optionnelle, il comblera les professionnels qui doivent se rendre fréquemment sur le terrain… au propre comme au figuré !