Avec l’Ypsilon, Lancia joue sa dernière carte dans le monde automobile. En effet, après plus de 110 ans d’innovations automobiles, la célèbre Marque de Turin fondée par Vincenzo Lancia en 1906 en cessera ses activités en 2017.
Est-elle à la hauteur de ses ancêtres comme la révolutionnaire Lambda, la prestigieuse Aurelia ou l’incroyable Stratos HF ?
Une carrosserie bien mignonne, mais une sécurité qui date…
Pour son trentième anniversaire la petite Lancia s’est offert pour sa cinquième génération un léger repoudrage.
Présentée en automne dernier au salon de Francfort, elle se différencie surtout de sa devancière par une calandre plus élancée et sans joncs chromés. Le bouclier a été également retouché afin d’y intégrer autrement les antibrouillards.
Pour le reste, l’Ypsilon n’a pas changé : elle garde son petit air chic beaucoup plus classe que la Fiat 500. Avec ses 3,84 m de long, elle mesure juste 30 cm de plus que sa cousine, ce qui lui permet de disposer de deux portes supplémentaires et de se montrer ainsi nettement plus logeable.
Petite coquetterie : les poignées de ses portières arrière sont noyées dans la custode.
Il est vrai que ses concurrentes sont plutôt la Renault Clio, la VW Polo, la Ford Fiesta, l’Opel Corsa ou la Peugeot 208 ou Citroën C3 pour en citer que les principales.
Le hayon s’ouvre sur coffre de 245 dm³ extensible à 820 dm³ quand le dossier des sièges arrière est rabattu (1/3 – 2/3). Dommage que son seuil soit si haut…
Sa lucarne est exiguë et quand les appuie-tête sont relevés, la visibilité arrière devient aléatoire, rendant pratiquement obligatoire l’utilisation des rétroviseurs extérieurs.
L’habitacle est suffisamment spacieux pour quatre adultes de taille moyenne. Evidemment, trois enfants seront plus à l’aise ! Bien que la sellerie soit agréable, les sièges avant ne sont pas suffisamment enveloppants et leur assise est courte.
La position de conduite est typée ‘à l’italienne‘ : en outre, comme le volant n’est réglable qu’en hauteur, il est difficile de trouver une position adéquate : soit les jambes sont à l’aise mais il faudra tendre les bras, soit les bras sont bien placés mais les jambes seront repliées…
Le tout est naturellement une question d’habitude !
Même si le dessin de la planche de bord est original, sa qualité de finition n’atteint malheureusement pas celle de ses concurrentes. Les instruments de mesures sont placés sur le centre du tableau de bord, ainsi, tout le monde peut en profiter !
Deux grands compteurs analogiques très lisibles, le tachymètre et le compte-tours, entourent la jauge d’essence et la température du liquide de refroidissement.
Cet ensemble surmonte l’écran d’infodivertissement et de navigation U-Connect™ DAB (suivant le niveau de finition). En téléchargeant l’application Uconnect™ LIVE sur le smartphone, ce système permet d’utiliser via Bluetooth® moult applications comme Facebook, Twitter, Deezer, TuneIn et d’autres sources de distraction peu compatibles avec une conduite responsable…
Plus utiles, ce même système propose les applications ‘EcoDrive’ qui permet de « monitorer » son style de conduite ainsi que ‘my Car’ pour un service optimal de votre Ypsilon.
Notre exemplaire disposait d’un cruise control commandé par un levier caché par le volant.
Petite attention pour la nuit : toutes les commandes sont éclairées, même celles placées sur le volant et dans les portières.
Au niveau de la sécurité, l’Ypsilon accuse malheureusement l’âge de son châssis : en 2015, seulement deux étoiles sur cinq lui ont été octroyées par l’organisme indépendant Euro NCAP.
Ce piètre bilan est manifeste pour les passagers adultes dont la sécurité a été cotée à seulement 44 %. La sévérité de la note est surtout due aux médiocres résultats enregistrés après le test d’impact frontal avec une barrière rigide : pour le mannequin ‘conducteur’, ses ‘blessures’ à la tête et à la nuque ont indiqué une mauvaise protection. En outre, la protection de sa poitrine s’est révélée assez marginale.
Quant au mannequin ‘passager arrière’ sa protection était critique pour toutes les zones du corps à l’exception du cou dont la protection a été évaluée comme faible. En revanche les résultats des tests de collision latérale se sont révélés satisfaisants.
Heureusement pour les enfants, leur sécurité à été évaluée à 79 % et celle des piétons à 64 %. Quant aux aides à la sécurité, elles ont été cotées à 38 %.
Sur route
Par rapport à ses rivales, l’Ypsilon de cet essai a l’air de ne pas jouer dans la même cour : non seulement elle est propulsée par une mécanique dont la filiation remonte au moteur « FIRE » (pour Fully Integrated Robotized Engine) dont les premiers tours de vilebrequin datent de 1984, mais elle adopte un châssis où le facteur dynamique n’est pas à proprement parler une de ses qualités majeures.
Avec une cylindrée de 1242 cm³, ce moteur ne délivre que 69 ch à 5500 rpm et développe un couple maximum de 102 Nm à 3000 rpm. Estampillé Euro 6, ce moteur est à l’aise en ville mais montre vite des signes d’essoufflement quand il la délaisse pour les nationales ou les autoroutes.
Mais au niveau consommation, il fait plus que se défendre : au terme de l’essai la rédaction a enregistré 5,8 l au cent.
Grâce à son rayon de braquage très court (9,4 m) et ses petites dimensions, l’Ypsilon se faufile dans la circulation urbaine. De même, sa suspension est parfaite dans cet environnement mais sur routes sinueuses, celle-ci n’aime pas être brusquée car elle est trop souple et pour peu que le revêtement de la route se dégrade, elle engendre des mouvements de pompage qui nuisent à la précision de sa conduite.
Spécifications techniques
Moteur | |
Cylindrée (cm³) | 1242 |
Carburant | Essence 95 RON |
Puissance (ch) | 69 @ 5500 rpm |
Couple (Nm) | 102 @ 3000 rpm |
Transmission | AV |
Boîte de vitesse | Man. 5 Vit. |
Norme d’émission | Euro 6 |
Émission de CO2 | 120 |
Puissance fiscale | 7 |
Performances | |
Accélération 0 à 100 km/h | 14,5 sec. |
Vitesse de pointe (km/h) | 163 |
Consommation (l/100 km) | 5,2 l/100 km |
Dimensions et poids | |
Nombre de portes | 5 |
Longueur (mm) | 3842 |
Largeur (mm) | 1676 |
Hauteur (mm) | 1520 |
Poids (kg) | 890 |
Tract. non frein. (kg) | 400 |
Réservoir (litres) | 40 |
Pneus AV/_AR | 185/55 R 15 |
Volume de coffre(dm³) | 245/_820 |
Conclusions
L’Ypsilon est une jolie petite voiture, son caractère latin lui convient à merveille dans les quartiers chics des grandes villes où sa taille et sa suspension sont parfaitement adaptées.
Quoique vieillot, le moteur 1.2 à 8 soupapes se défend encore honorablement en zone urbaine grâce à son couple. Hélas, sur route ouverte, il montre vite ses limites. Dans ces même conditions, les liaisons au sol ne peuvent rivaliser avec la concurrence.
La gamme s’articule autour de trois niveaux de finitions – Silver, Gold et Platinum.
Proposée à partir de 13.000 EUR avec le moteur 1.2 l de 69 ch, l’Ypsilon existe également avec le moteur Twinair de 85 ch (uniquement avec boîte de vitesses automatique) ainsi qu’avec le turbodiesel 1.3 Mjet de 95 ch.
Signalons aussi une version inédite au CNG du Twinair développant 80 ch avec des émissions de CO2 de seulement 86 g/km (à partir de 17.400 EUR).
Avec l’Ypsilon, Lancia conclut en demi teinte le dernier chapitre d’une histoire prestigieuse où l’innovation et le sport n’auront jamais été absents.
L’histoire semble bégayer : il y a juste trente ans, Talbot, un des fleurons de l’automobile française, mettait la clé sous le paillasson après que PSA ait abandonné la production de la petite Samba…