S’il y a aujourd’hui une voiture atypique dans le monde des voitures haut de gamme, c’est bien la Citroën C6. Présentée en grande pompe en 2005, elle devait faire la nique aux Audi, BMW et autres Mercedes.
Son dessin hors norme lui a valu bien des jugements carrés, ce qui est fâcheux dans ce segment où le classicisme est une valeur constante et recherchée.
Une silhouette toute en longueur
Selon Citroën, sa carrosserie se veut d’un style unique et intemporel qui fait manifestement un clin d’œil aux gloires chevronnées d’autrefois.
Garée parmi d’autres voitures, elle interpelle le quidam par sa silhouette élancée et particulièrement dynamique.
A coup sûr, elle séduira les nostalgiques de la marque aux Chevrons. Large de 1,86 m et longue de 4,9 m, elle repose sur un empattement de 2,9 m.
A l’instar de la XM, de la Cx ou même de la SM, son long capot suggère un véhicule bien campé sur ses roues avant… motrices comme toute Citroën qui se respecte.
A l’arrière, encadrée par des feux haut placés, sa lunette se distingue par son étonnante forme concave. Malgré sa forme évoquant une voiture deux volumes, le C6 possède un coffre séparé de près de 490 dm³. Celui-ci peut être agrandi en rabattant les dossiers des sièges arrière pour faire passer sa longueur de chargement de 98 cm à 1,68 cm.
Un habitacle passablement démodé
Contrairement à cette ligne audacieuse, l’habitacle de la C6 n’a pas obtenu la même force créatrice de la part des designers affectés à sa conception.
En vrac, on retrouve cependant un vitrage latéral feuilleté, l’alerte de franchissement involontaire de ligne (AFIL), un radar de stationnement avant et arrière (très utile !) les projecteurs xénon directionnels, le régulateur et limiteur de vitesse, un frein de parking électrique et un GPS accouplé à une installation média.
Hélas, le Bluetooth ® et la clé USB ne sont pas prévus…
Finalement, peu d’originalité ressort de cette composition qui n’a pratiquement pas été retouchée depuis sa genèse.
Certes, l’ensemble n’est pas disgracieux mais fait preuve de peu de recherche, notamment au niveau de la console centrale que l’on retrouverait plus facilement dans le cockpit d’un Airbus ou d’un Boeing : un vrai mur de boutons… qui pourrait devenir un mur des lamentations pour le conducteur occasionnel.
Saluons toutefois l’affichage tête haute qui projette sur le pare-brise les informations essentielles à la conduite comme la vitesse ou la navigation et qui contribue aussi à lui conserver cet aspect aéronautique…
Quant à la place, que l’on soit à l’avant ou à l’arrière, elle est royale, notons cependant que les sièges arrière sont adaptés surtout pour deux personnes : la place centrale arrière est plutôt à réserver à des enfants.
Une seule motorisation pour une tenue de route unique
Alors que ses cousines d’outre Rhin s’équipent d’une kyrielle de mécaniques les plus affriolantes les unes que les autres, Citroën ne propose pour sa C6 qu’un seul moteur… et diesel de surcroît !
Il s’agit de l’excellent 3.0 V6 HDi concocté par PSA et Ford que l’on retrouve également dans les Jaguar XF et Range Rover Sport.
Contrairement aux anglaises (?) qui acceptent 275 ch. à 4000 rpm et pas moins de 600 Nm à 2000 rpm, la Citroën ne se contente que de 243 ch. à 3800 rpm et 450 Nm à 1600 rpm : traction avant oblige, sa transmission n’aurait probablement pas digéré une telle débauche de couple…
Bardé de ses deux turbos, ce moteur est extrêmement civilisé et distille agréablement sa puissance via une transmission automatique « adaptive » à six rapports.
L’ensemble est particulièrement réussi et totalement adapté à cette grande routière au confort exceptionnel grâce à des liaisons au sol sublimées par une suspension hydraulique à flexibilité pilotée.
Pour ceux qui ont connu les Cx ou les Xm, même si cette dernière semble plus enjouée que ses devancières, le rappel est évident.
Grâce au mode sport, cette grande routière fait même preuve d’une agilité assez étonnante. Néanmoins, le sous virage est une loi de physique à laquelle même Citroën doit se plier !
Lancée sur autoroute, la C6 est souveraine et abat des centaines de kilomètres dans des conditions optimales mais son confort très « maritime » risquerait de ne pas plaire nécessairement à tous !
Au terme d’un essai de plus de 500 km avec 60 km/h de moyenne, la C6 a consommé environ 7,7 L aux cent kilomètres. Evidemment, ce n’est pas rien, mais ne perdons pas de vue que la C6 fait pratiquement 1,9 T à vide, et que ses 243 canassons exigent leur pitance en picotin mazouté.
Spécifications techniques
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Qu’en dire ?
Si l’on retire les administrations françaises, les inconditionnels fortunés de la Marque ainsi que certains patrons aux goûts exotiques, la C6 ne semble pas avoir fait beaucoup de nouveaux émules.
Par malheur, Citroën n’a pas la réputation d’être une marque Premium et la clientèle friande de ce marché est de tendance conservatrice et se tourne donc vers ce qui est établi, à savoir le triumvirat teuton.
Il était donc courageux – voire peut-être même inconscient – pour une marque généraliste comme Citroën de proposer au public une limousine statutaire avec une ligne on ne peut plus originale.
Le pari était osé mais hélas, dès le départ, les dés étaient pipés.
C’est dommage car la C6 insuffle à son conducteur un certain art de vivre… que l’on retrouve rarement dans les machines à rouler d’outre-Rhin.